François BAYROU construit le MoDem
Le président du MoDem lancé dans
la foulée de la présidentielle et fondé en décembre 2007, a tracé mercredi 26
mars, lors d'une réunion du bureau exécutif, la feuille de route pour les mois
à venir : "Priorité au projet et à l'organisation".
La première réunion
post-municipales du bureau (composé de 29 personnes), a été décrite comme
"apaisée et constructive" par Corinne Lepage (Cap 21), membre
fondateur, qui a souhaité "qu'on se mette à travailler sur le fond".
La défaite à Pau de M.
Bayrou et les résultats décevants enregistrés dans de nombreuses villes, dont
Paris, ont certes confirmé que ce scrutin a été "le plus dur" dans la
courte existence du MoDem.
La cote de
popularité de M. Bayrou (-9 points à 56% selon Ifop Paris-Match) s'en est
d'ailleurs ressentie. Mais le "troisième homme" de la présidentielle
ne se laisse pas décourager : "La plus grande gloire de l'Homme n'est pas
de ne jamais tomber, mais de se relever à chaque fois", relève-t-il,
citant - en anglais - le philosophe américain Ralph Waldo Emerson.
Le leader centriste met
l'accent sur le score moyen de 15,9% des 350 listes autonomes du MoDem, les 34
maires et "près de 1.100" conseillers municipaux élus dans les villes
de plus de 10.000 habitants.
Il reconnaît toutefois "une difficulté de
communication" sur les alliances au cas par cas conclus avec l'UMP et le
PS - jugées "illisibles" au sein même du parti - et "une
crispation sur le droite-gauche au second tour", qui ont compliqué la
donne pour le parti centriste.
Aujourd'hui, "la
question est : y a-t-il en France deux propositions politiques, celles de l'UMP
et ses satellites, du PS et ses satellites, ou est-ce que le centre, capable
d'alliances mais indépendant, constitue une alternative", a déclaré M.
Bayrou à l'AFP mercredi soir à l'issue de la réunion.
Or, les membres du bureau
exécutif ont relevé "l'impasse" que constituent les deux autres
projets. Les "insatisfactions" suscitées par l'UMP et Nicolas Sarkozy
vont s'aggraver avec "le malaise social et la probable crise
économique", le PS "va rencontrer son heure de vérité",
notamment lors de son prochain congrès, estime-t-il.
Dans ces conditions, pas
question de baisser les bras, d'autant que le mode de scrutin sera plus
favorable au MoDem aux européennes de 2009 (proportionnel), voire aux
régionales de 2010 si la proposition de modification de François Fillon est
acceptée.
Les élus MoDem aux municipales seront donc
réunis le 26 avril à Paris, un conseil national le 14 mai validera un règlement
intérieur pour les fédérations départementales, et des "représentants de
l'exécutif" entameront un tour de France pour discuter des attentes.
Un exercice de mobilisation qui
sera nécessaire, à en juger d'après les déceptions exprimées par nombre
d'adhérents (environ 60.000 en décembre 2007) sur les blogs d'internautes.
Certains
des 11 sénateurs membres du bureau exécutif sont également critiques :
"Nous devons faire des propositions de modification de la ligne politique,
pour ne pas laisser penser aux Français que nous sommes devenus tout d'un coup
de centre-gauche, et que nous avons abandonné le centre-droit", souligne
Philippe Nogrix, qui ne veut pas d'un centre "hémiplégique".
"Le centre c'est être social, européen et
libéral modéré. Il faut garder cette trilogie", dit-il.